Le portrait que Pratt fait de Fanfulla est celui d’un guerrier dur, énorme, qui a cette dose de cruauté sans laquelle il était impossible de vivre en ces temps sombres. Le bandeau noir (type bandana) qui lui couvre un œil et une partie du front, accentue son côté atroce et ombrageux qui suscite la peur et la crainte chez ses adversaires (et un peu chez ses lecteurs) et ce, malgré quelques élans de générosité. Avec ce travail, Pratt fait tout ce qu’il peut pour sortir des strictes conditions graphiques que lui impose le directeur Carlo Triberti: il rompt ainsi avec les codes de la planche et utilise fréquemment des vignettes élargies et asymétriques, augmentant souvent les aplats de noir. Son intention était de renforcer et de fortifier le dynamisme du récit, ce qui n’était pas du goût de Triberti qui n’allait pas tarder à signifier à Pratt la fin de sa collaboration au sein de l’hebdomadaire.