Après le succès en France et en Italie de « Océan Noir », on retrouve Martin Quenehen et Bastien Vivès aux prises avec une nouvelle aventure de Corto Maltese. Comme dans leur premier récit, Corto quitte le rôle du marin des 30 premières années du 20ème siècle pour arriver (presque) à notre époque, en cette deuxième année du nouveau millénaire. Du Pérou et du Japon, nous passons à « sa » Venise (un hommage évident au Vénitien Hugo Pratt) pour naviguer vers la Croatie et Istanbul en passant par Sarajevo et pour terminer l’aventure dans l’Irak occupé par les Américains, avec les services secrets de la CIA à leur service. Si dans « Océan Noir » l’événement qui secouait le monde était l’attaque des « Twin Towers » en 2001, ici il y a en toile de fond la guerre en ex-Yougoslavie qui vient de se terminer mais avec encore ses séquelles de haine et de vengeances ethniques et la deuxième guerre du Golfe qui est sur le point de commencer et qui conduira à la chute de Saddam Hussein.

Une histoire intense, pleine de rebondissements, dont même la conclusion n’est pas des plus rassurantes. Même le Corto Maltese de Vivès et Quenehen, comme celui d’Hugo Pratt, n’a pas de fin heureuse, mais seulement une fusion de réalité et d’aventure. Et, dans les toutes dernières pages, préparez-vous à une surprise déconcertante qui changera la vie de Corto Maltese pour toujours.

Une annexe tout aussi intéressante est la postface de Marco Steiner, écrivain et collaborateur de longue date d’Hugo Pratt, qui reconstitue avec rigueur et poésie l’histoire d’Ismet ‘Celo’ Bajramović, – l’un des protagonistes de ‘La Reine de Babylone’ – mi-commandant mythique de la brigade bosniaque défendant Sarajevo pendant l’interminable siège de la ville qui a duré de 1992 à 1996, mi-criminel lié aux gangs de trafiquants. Les pages de la post-faction sont accompagnées d’une série de beaux dessins de Vivès qui en constituent les précieuses coulisses et rendent ce livre encore plus enrichissant.